Au Népal, tant que l’on reste sur le circuit touristique, les trajets sont des plus agréables : les bus sont presque tout neuf et garantissent un confort maximum. Il y a même les croissants, petits pains au chocolat et apple strudel encore tout chaud qui vous attendent à l’arrêt du bus !
Par contre, dès que l’on quitte le trajet Katmandou-Pokara, on voyage alors à la « mode locale ». Le trajet Katmandou-Kakarvita (situé à la frontière indienne) est un tout autre poème (terme emprunté à un voyageur à qui je fais un petit clin d’œil). A la gare routière, où des centaines de bus sont parqués, tout est écrit en népalais mais il y a toujours quelqu’un prêt à se plier en quatre pour aider une occidentale qui voyage seule. Le bus n’a rien à voir avec le bus super deluxe dans lequel j’ai voyagé jusqu’à Pokhara, non, il ressemble davantage à un bus local. Eh mince alors, je me suis fait avoir, là où j’ai acheté mon billet, ils ont pris une énorme commission et m’ont assuré un super bus deluxe et une place à l’avant près de la fenêtre comme ce que je l’avais demandé. Oui je suis à l’avant, je suis placée juste derrière le chauffeur, mieux vaut fermer les yeux et ne pas regarder la route car la mort nous guette à chaque tournant… Une fille arrive et me dit qu’elle aussi a réservé la place à côté de la fenêtre. Le siège coté couloir ne s’incline pas tandis que celui côté fenêtre est en position semi couchée. Tant pis, on se sacrifiera toute les deux et on échangera de temps en temps de place. Finalement après quelques heures de bus, je regrette d’avoir insisté pour la place côté fenêtre, la fenêtre ne ferme pas entièrement et les courants froids sont terribles. Il fait très froid. J’imaginais qu’en quittant Katmandou direction le Terai il ferait plus chaud, mais non la nuit est vraiment glaciale.
Assise sur le siège côté couloir, j’ai une couverture humaine sur les jambes. Deux mecs sont assis sur une banquette et n’ont pas la chance d’avoir un dossier, ils se penchent donc en avant et finissent pas s’appuyer un sur mes genoux et l’autre sur mes épaules (désolé la description est mauvaise, il faudrait que je vous en fasse un dessin, c’était plutôt comique comme situation). Au réveil, ils se confondent en milles excuses et sont tout mal à l’aise, je ne dis rien, je suis si contente car ils me servent de couverture (oh et puis les népalais sont si beaux et charmants, ça ne me dérange pas ;-). J’ai un peu pitié de les voir ne pas savoir comment s’asseoir pendant ce long trajet. Moi qui me plaignais de ne pas avoir la fenêtre, puis d’avoir un siège qui ne s’incline pas, je suis maintenant contente d’avoir un siège ! En voyageant, on apprend vraiment à se contenter de peu, à relativiser et à vivre simplement.
Les heures sont longues, je n’ai presque pas fermé l’œil de la nuit, il fait trop froid. Après 17 heures de bus, j’arrive enfin à la frontière indienne. Ouf ! Ouf ! Ouf ! Enfin ! Oh que c’était long ! J’ai battu le record de la plus pénible distance franchise en bus !
Avec Lalita, ma camarade de voyage, on négocie un taxi collectif jusqu’à la ville d’où on pourra prendre un train. On a choisi l’option taxi, le bus c’est assez pour aujourd’hui ! Encore quelques deux heures de taxi environ jusqu’à NJP la gare d’où part mon train en direction de Calcutta. Je m’en souviens bien de cette gare, j’y avais passé 6 heures en revenant du Sikkim, juste avant mon bref retour en Suisse. Des souvenirs ressurgissent… A la gare, une bande de mendiants m’harcèlent, ils ne me lâchent pas… Des mamans avec des tout petits bébés dans les bras et toute une tribu de gamins. C’est bien le pire harcèlement que j’ai vécu jusqu’à présent et je ne me sens pas armée de patience et de sang froid pour affronter tout ça après cette nuit pénible en bus…
Il m’aura fallu attendre des heures dans la file d’attente pour avoir mon billet de train pour Calcutta. J’ai une journée d’attente à la gare de NJP devant moi. Daniel, un allemand, prend le même train que moi, on a passé la journée à attendre ensemble, buvant un peu trop de tchai et regardant la télé de la rue. En faisant abstraction de la foule de mendiants trop harcelant, je l’aime bien cette gare de NJP. Le soir il y a tout un marché aux légumes devant la gare… et puis il y a la vie qui passe, les tchai qui font passer mieux le temps… Un thé, c’est se poser, c’est un moment de rencontre, de partage, d’échange, s’est regarder la vie qui passe. La foule ressemble à une véritable fourmilière colorée, les vendeurs de légumes, de fruits et d’épices installent leurs stands par terre…
La nuit de train fut bien plus reposante et confortable que la nuit de bus précédente au Népal. Ahhh le train indien… tout un poème… Je pourrais passer des heures à vous décrire un voyage en train en Inde. J’en ai passé des heures dans les trains… rencontré des familles indiennes ou des voyageurs, parfois dansé et chanté, passé des heures à regarder les paysages qui défilent, ou la vie dans le train, réveillée à 5h du matin par les vendeurs de tchai qui crient « tchai garam tchai garam tchai coffee coffee »… Ces mots qui énervent parfois mais finalement qu’est-ce que je l’aime le tchai chaud au réveil !
Ma couchette est bien trop petite, j’ai la « Upper Side » couchette (en haut sur le côté), elles sont plus étroites et plus courtes (le mec qui fait 1,85cm sait de quoi je parle). J’ai du me tortiller pour trouver la position dans laquelle je ne me casse pas la gueule et pour que je puisse me coucher, parce que j’ai déjà passé une nuit assise dans un bus et je rêve de m’étendre, c’est bon je ne fais pas vipassana, j’ai envie d’étendre les jambes !