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21. La Mère Noël

Les prières d’Ujali ont été entendues et mon message reçu (voir le chapitre une vie népalaise)… Un grand merci à mes parents pour leur geste envers ma petite famille népalaise…

J’ai décidé de repartir dans le petit village près de Pokhara faire la surprise à Ama, Ujali et Kali et leur apporter l’argent en main propre…

J’appréhendais un peu le bus, car à chaque fois, je suis malade quand ça zigzague trop. Chose insolite : nous sommes 8 personnes dans un grand bus touristique !!! Jamais en Inde ou au Népal cela n’arrive ! Les bus touristiques sont remplis et les bus locaux sont carrément plus que remplis (sur le toit aussi il n’y a plus de place). Je suis la seule étrangère, j’ai rencontré une famille népalaise dans le bus et j’ai même eu droit aux séances photos avec toute la famille… A chaque arrêt, maintenant que je connais la route, je connais aussi les bistrots locaux ou les prix sont raisonnables et la nourriture bonne et fraiche. Le bus s’arrête devant les restaurants où ils touchent une grosse commission et où l’on paye 4 fois le prix normal ! Faut dire qu’au Népal, les touristes sont pris pour des vaches à lait.

Arrivée à Pokhara après 7 heures de trajet plus que confortables (j’ai de la place pour mes jambes et j’ai même la vue panoramique car je suis assise à l’avant et comme il n’y a personne j’ai le même chant de vision que le chauffeur).

Je passe rapidement au magasin de Lali, mais il n’est pas là. Je demande à sa femme le nom du village où je dois me rendre en bus local. Cette fois-ci ce n’est plus un bus vide, il est remplis à craquer ! On dirait que cela les amuse les népalais de battre le record du bus le plus remplis, même si on n’arrive plus à franchir la porte, il y a toujours de la place, faut pousser et en se marchant dessus on arrive toujours à se frayer une place. Avec mon gros sac à dos j’ai bien rigolé !

Le chauffeur me demande où je vais mais j’ai mal compris la prononciation du bled où je dois me rendre… La dernière fois que j’ai fait le trajet, j’étais avec Lali et vu mon sens de l’orientation, je ne suis pas sortie de l’auberge… J’ai beau me rendre des dizaines de fois dans un endroit, j’oublie à chaque fois le chemin, ce n’est pas grave, il n’y a même pas besoin d’un bon sens de l’orientation pour voyager, il suffit d’être débrouillarde… Les népalais sont très serviables et après avoir demandé à tout le bus où se trouve mon village et comment on s’y rend, le chauffeur m’a déposé au bon endroit. Il me restait à marcher quelques minutes puis à trouver un autre bus local pour encore une heure de bus… Il est déjà 16 heures, plus le temps de prendre un de ces bus local qui s’arrête toutes les cinq minutes. Il me faut prendre un taxi jusqu’au bled d’où je devrais grimper la montagne pour me rendre au village…

J’ai surestimé mes capacités physiques : j’ai acheté trop de légumes, fruits et 2kg de poulet ! Je vous laisse imaginer le poulet accroché à mon sac à dos (sans la tête et déplumé). Mon sac pèse bien 30 kg avec tout ça ! Deux heures de marche m’attendent ! Une séance de « step » intensive ! Oh je m’en souviendrais toute ma vie de cette ascension ! Faut dire que j’ai perdu tous mes muscles que j’avais mis tant de temps à me faire au Ladakh… Je sentais le poids sur mes jambes, mon dos qui n’en pouvait plus… J’étais rouge écrevisse et mouillée de transpiration… Les gens que j’ai croisés sur ma route, étonnés de voir une femme seule dans cet endroit pas touristique, m’ont proposé de porter mon sac… Mais j’ai ma fierté, je tenais à le porter moi-même. Je me sens comme un père noël qui apporte les cadeaux, mais qui malheureusement n’a point de rênes… J’ai marché vite pour arriver avant que la nuit ne tombe et surtout pour abréger ce calvaire de gravir cette montagne et pouvoir me poser au coin du feu avec Ama…

Chaque fois que je demandais aux gens si j’étais à mi-chemin, on me répondait honnêtement : « oh non pas encore… » Chaque fois que je demandais encore combien de temps on me répondait : « plus d’une heure », et chaque fois que je demandais si le pire était passé on me répondait que non. Argth franchement je préfère les indiens, ils vous répondent toujours ce que vous voulez entendre ! Les népalais sont plus honnêtes. J’aime mieux la minute indienne à l’heure népalaise (les indiens vous répondent toujours une minute… et quand on connaît la valeur de la minute indienne plus jamais on ne demande combien de temps…). J’avais presque honte d’avoir autant de peine quand je vois toutes ces dames qui grimpent ce chemin le dos chargé de bois !

Enfin, j’arrive au sommet après presque deux heures de marche ! C’est au pas de course que je franchis les dernières 20 minutes au plat. J’arrive à l’hôpital du village. Depak le toubib, Ujali et Kali sont là, tout surpris de me voir débarquer ! J’ai eu droit à un magnifique accueil ! Ujali m’a serré dans ses bras chantant « My sister ! My Sister ! »

Ama est rentrée plus tard, elle a dansé de joie et m’a pris dans ses bras. Ouf que d’émotions ! J’ai offert les légumes, fruits et poulet, les châles bien chauds que j’ai achetés à Katmandou et les 20 000 roupies qui leur enlèveront bien des soucis pour ces prochains mois…

« You are God ! You are an Angel ! I love you ! My Sister ! »

Un bon repas au coin du feu, ah ça fait du bien de me retrouver ici ! La nuit douillette bien emmitouflée sous les couvertures…

Il fait bien plus chaud qu’à Katmandou et il y a du soleil ! Je suis épuisée et les antibiotiques que je prends depuis quelques jours me fatiguent aussi car près une année en Inde, j’ai fait copain copain avec toutes sorte de parasites plus ou moins sympatiques, mais j’ai décidé de déterrer la hache de guerre car j’en ai marre de la course aux chiottes et du ventre qui se tortille et qui gronde… J’ai fait une longue sieste… c’est si calme ici que je pourrais dormir tout le temps ! L’air de la montagne me fait du bien.

Ujali est revenue de la forêt avec des gros fagots de bois. J’ai bien tenté de les porter, impossible ! Je me sens vraiment nulle ! J’aimerais pouvoir les aider au travail mais je suis bien loin d’en avoir la force physique !

Aujourd’hui après deux nuits chez ma petite famille, il est déjà temps que je retourne à Pokhara pour prendre le bus de Katmandou. J’ai rendez-vous à l’ambassade pour mon visa indien et l’Inde m’appelle, car même si j’adore le Népal et surtout les népalais (et népalaises), la folie de l’Inde me manque… Rendez-vous à Calcutta pour fêter Noel…




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