Pokhara ne m’aura finalement pas laissé un goût trop amer… Dès mon arrivée, j’ai eu envie de fuir cette usine à touristes trop artificielle… Mais, avec un esprit positif tout vient à soi…
Je ne partirai pas trekker. Il commence à faire trop froid et les montagnes se couvrent de nuages… Et puis je préfère ce que j’appellerais un trekking « lazy »… Prendre le temps, m’imprégner d’un endroit et de la culture, apprendre, rencontrer, partager… Me poser dans un petit village dans une famille et vivre comme les népalais… Il y a de superbes ballades à faire dans les alentours sur des sentiers qui ne sont pas des autoroutes à touristes… Faire le tour des Annapurna en un temps record, oh non ce n’est pas pour moi !
« On voyage non pas pour changer de lieu mais pour changer d’idées » [1]
Lali et son ami m’accompagnent en bus local, puis nous prenons une voiture qui nous emmène dans un hameau au bord de la route, c’est là qu’on descend dans un endroit que je qualifierais comme le milieu de nulle part. Tout autour de moi, des champs de toutes les couleurs tapissent la plaine alors que les montagnes sont recouvertes par la jungle ou des champs en terrasses, c’est magnifique ! On continue à pied. Des marches nous emmènent au cœur d’une forêt de rhododendrons et de bambous… Après une bonne heure de montée à travers un sentier, on arrive enfin au sommet : le panorama sur les Annapurna est à couper le souffle !!! Il fait presque nuit, on aperçoit la pleine lune et les montagnes enneigées autour de nous… Le sentier continue à travers des petits villages traditionnels jusqu’à la maison de Lali.
Ama, la maman de Lali est contente d’avoir de la visite… Elle m’offre un verre de vin local à base de millet, c’est un peu fort et elle a été plutôt généreuse, j’ai presque la tête qui tourne… Qu’est-ce qu’elle est belle cette vieille petite dame !!! Elle m’invite à m’asseoir par terre en face du feu pendant qu’elle prépare le repas. Je l’observe avec une telle admiration ! Je suis sous le charme… Qu’est-ce qu’elle est belle !!! Son visage tout ridé, ses grosses boucles d’oreilles qui lui déforment les oreilles en feuilles de choux, sa grosse boucle nasale, ses habits, sa posture si souple et agile. Elle me fascine… Elle me fait penser à une chamane… Il n y a pas besoin de mots pour communiquer, un simple sourire suffit… Je suis à l’aise, je pourrais rester des heures et des heures justes à la regarder…
Ama vit avec sa fille Ujali et sa petite fille. Kali a 14 ans, elle est si heureuse d’avoir de la visite qu’elle m’offre des cadeaux, un mala (chapelet de prières bouddhiste) et une paire de boucles d’oreilles trop grande et kitch à mon goût mais je n’ose pas lui refuser cette joie de m’offrir quelque chose. Ils n’ont rien et pourtant ils donnent tout…
Chose surprenante, ici les femmes fument ! Moi qui ai eu tant de peine à résister à l’envie de fumer en Inde pour ne pas choquer la population dans les lieux non touristiques… Voilà qu’ici, j’ai de la peine à refuser une cigarette ! Bon allez pour faire plaisir à Ama, je partage une clope avec elle (oui mais je vous rappelle que j’ai arrêté de fumer…).
Le repas est excellent !!! Alors que j’étais devenue végétarienne, voilà que je me régale de mouton que nous avons acheté avec Lali, la viande est réservée pour les repas de fête. Au menu : de la pâte de millet que l’on trempe dans la sauce de mouton, du riz et des légumes. Avec un grand étonnement, je retrouve les goûts africains, la pâte noire de millet, comme ce que je mangeais au Bénin !!! C’est étrange comme on retrouve des aliments et des préparations similaires d’un bout à l’autre de la terre dans des peuples totalement différents…
Lali ne m’avait pas menti, l’endroit est exceptionnel ! Je l’ai trouvé mon petit paradis dans la montagne ! Oh oui j’ai envie de rester ici… Merci Lali… Ouf ça suffit, trop d’émotions pour aujourd’hui !
La nuit fut reposante dans ma petite chambre douillette et charmante… Bien emmitouflée sous ma grande couverture, je respire ce bon air frais de la montagne.
Réveillée par le buffle, qui devant ma fenêtre réclame à manger, et par les souris qui font la java devant ma chambre, j’ouvre la petite porte en bois et découvre devant moi un panorama à couper le souffle ! Aucun mot, aucune image ne saurait décrire ce que j’avais là devant moi : un lever de soleil sur les Annapurna, ces montagnes gigantesques !
Lali avait raison. Il m’avait dit : « Viens tout de suite chez moi, tu n’as pas besoin d’aller voir les points de vue aux alentours de Pokara et te retrouver parmi 200 touristes mitraillant avec leurs appareils photos… » Non ici, c’est juste pour moi et c’est là, devant ma porte, ce n’est pas magique ça ? Gigantesques ! Elles paraissent ridicules nos Alpes suisses à côté ! C’est si beau ! Imaginez que je me trouve dans un climat tropical, entourée de bananiers et de toutes sortes de plantes tropicales (mais désolé j’y connais rien en plantes, je ne peux pas vous dire les noms, alors retenez bambous et bananiers et puis imaginez les plantes que vous avez dans votre salon en dix fois plus grandes !) et devant moi se dresse ces montagnes gigantesques de 8km de haut !!!
J’en avais vu des photos du Népal et j’ose avouer que je n’étais pas du tout attirée par ce pays… Vous vous souvenez comme je faisais la tête à Bénarès quand j’ai dû partir...J’ai même pris un visa népalais d’un mois car je pensais ne passer qu’une petite semaine pour mon visa et revenir au plus vite à Bénarès…). Mince alors, me voilà tombée sous le charme de ce petit pays, un véritable coup de foudre ! Et puis les gens sont si gentils et hospitaliers, c’est incroyable !
Je vais dans la petite cuisine et je m’assois au coin du feu. Ama est en train de préparer la nourriture pour le buffle. Elle m’offre un bon tchai pour me réchauffer. Au petit déjeuner, à ma grande surprise Ama me prépare une pancake. Un peu de farine, de l’eau et du sucre suffisent pour concocter un succulent repas, c’est simple mais c’est si délicieux. J’ai eu la bonne idée d’apporter un pot de miel et des fruits.
Ici dans le village tout est local, il y a seulement un minuscule magasin qui vend quelques produits de base. Les légumes sont cueillis dans le jardin ou dans la forêt, le lait provient du buffle (4 litres par jour) et puis de temps en temps Ama descend à Pokara pour acheter du riz, de la farine et quelques produits nécessaires. Ama fait le trajet portant parfois de lourds sacs sur le dos à travers ce petit sentier qui monte jusqu’au village d’où il faut prendre un bus… A son âge, il faut voir comme elle est en forme cette petite dame marquée par les années… J’aurais honte de marcher à ses côtés sur cette pente raide qui monte au village !
Il est 11h, Ujali, la fille d’Ama m’appelle pour le dal baat (riz, légumes et lentilles). Mmm je n’ai pas très faim mais je ne peux refuser… Oh et puis c’est tellement bon cette nourriture locale et fraîche, si bon que si elles ne me laissent pas les aider au travail je vais vite reprendre tous les kilos perdus.
Ujali ne parle que quelques mots d’anglais, on communique comme on peut, mais on arrive toujours à se faire comprendre. Ama est partie cueillir du bois dans la jungle… Ujali passe son temps à s’occuper du buffle, le traire, nettoyer l’étable, lui préparer à manger, s’occuper des chèvres et des poulets, aller cueillir de l’herbe pour les animaux et chercher du bois pour se chauffer, c’est un travail physiquement épuisant. La journée démarre à 4h du matin ! Les mains d’Ujali sont très abîmées, elle est déjà marquée par ces années de dur labeur et montre davantage que son âge…
Je suis assise à l’ombre sur ma petite terrasse, les Annapurna se sont couvert de nuages, ce n’est pas grave il y a tant d’autres choses à admirer juste là devant moi. Une jeune maman s’occupe de son petit bébé avec tant d’amour, assise là dehors devant sa maison… Les petites chèvres s’amusent et font des cabrioles, le buffalo et son bébé sont en train de manger… Il y a une odeur d’écurie ici qui me rappelle un peu la Ventolière, la ferme d’où je viens… Comment expliquer à ses gens que mon papa est fermier et qu’on a 80 vaches alors que les fermiers ici n’en possèdent qu’une seule !
Mais voilà que le léopard en moi se réveille… Vous vous souvenez du léopard ? Oui il est avec moi depuis un moment, je n’arrive pas à m’en débarrasser. Parfois il dort mais quand il se réveille, il me gâche un peu la vie je dois dire… A moins que ce ne soit pas le léopard mais une autre bestiole de race népalaise ? Oh je n’en sais rien, mais les symptômes sont loin d’être agréables : pets qui puent, rots gazeux au goût d’œuf pourri et ventre comme un ballon de football. Ce n’est pas marrant tout ça… D’autant plus que le traitement antiparasitaire, je ne le supporte plus et il n’agit plus… Allez on « boost » un coup le système immunitaire dans l’espoir qu’il travaille un peu mieux…
Les heures passent, je suis toujours sur ma terrasse… Les Annapurna sont tout couvert maintenant… hé hé je pense aux trekkeurs qui en bavent à grimper des marches et des marches et qui n’ont même pas la vue sur les montagnes, marcher trois semaines au froid et dans le brouillard, hum ouais non merci.
Bon il est 13h, je vais quand même bouger un peu, histoire de déverrouiller les gambettes… Je m’attends à recevoir un sacré accueil dans le village, des sourires et des mains qui se joignent pour me dire « namaste » et mon cœur qui se remplit de belles émotions… « Le paradis appartient à ceux qui savent redevenir des enfants », en voyageant, j’ai appris à redevenir un enfant, à jouer avec eux, à regarder le monde avec des yeux d’enfant émerveillé… Un enfant ça vit l’instant présent et nous les adultes on a beaucoup à apprendre des enfants…
Finalement, cette journée, j’ai décidé de la passer là, assise sur la terrasse à observer, admirer et à vivre l’instant présent… Dès que l’on ouvre les yeux, il s’en passe des choses, même dans le plus petit village reculé sur la montagne au cœur de l’Himalaya…
Et puis le médecin du village est venu me rendre visite. On dirait que les nouvelles vont vite ! Il suffisait que je dise à Ujali que je suis infirmière pour qu’elle appelle le toubib du dispensaire très intéressé à faire ma connaissance…
Ujali s’est lavé les cheveux, quel courage ! Il ne fait pas chaud, aucune idée combien de degrés, je dirai 15 (enfin imaginez que je porte un polaire et un châle et que mes mains sont glacées). Le soleil est couvert par les nuages… Il en faut du courage pour prendre une douche glaciale ! Moi j’imagine que je laisserai la crasse faire sa couche protectrice sur mon corps avant de prendre ma première douche…
Oh une petite chèvre a décidé de me rendre visite, elle grimpe les escaliers à ma rencontre… Et dire que c’est sa copine que j’ai mangé hier soir… Que c’est triste, je redeviens végétarienne ! C’est un brise cœur de vivre avec des animaux et de les voir ensuite dans notre assiette… Mais bon, c’est tout de même délicieux un gigot d’agneau !
J’ai finalement décidé de rendre visite au médecin qui m’invitait à voir son hôpital juste à côté, deux maisons plus loin en empruntant le petit sentier caillouteux. Quelques mètres plus loin, je découvre un véritable petit hôpital avec un seul médecin. Il reçoit en moyenne entre dix à quinze patients par jour. Je passe un moment à discuter avec Deepak puis c’est l’heure du repas, la nuit tombe vite dans la montagne…
Au menu, comme toujours, le traditionnel dal baat (ce nom-là vous l’entendrez encore souvent au Népal). Je les regarde cuisiner et j’ai retenu la recette. Enfin, la reproduction c’est jamais pareil mais j’essaierai c’est promis…
Le paysan d’à côté et le toubib mangent avec nous, Ama, Ujali, Kali et moi. Faut voir les portions de riz qu’ils servent à chaque fois ! Je ne comprends pas un mot de tout ce qu’ils racontent. Je suis là, seule occidentale dans un milieu totalement étranger du mien, complètement plongée dans une autre culture, dans un autre monde… Je suis bien loin du ghetto à touristes, des guest houses et hôtels où l’on est sûr à chaque fois de pouvoir au moins croiser une tête occidentale. Je vis au milieu des locaux, je ne dirais pas que je vis comme eux car j’ai la chance de ne pas devoir travailler. J’avoue que je culpabilise, je leur demande ce que je peux faire, si je peux au moins faire la vaisselle, aider à nettoyer ou à cuisiner, mais non je suis l’invitée, on me soigne comme une princesse. On mange au coin du feu, une lampe à huile nous éclaire, je me sens bien…
C’est somptueux cet univers ! C’est somptueux de pouvoir vivre dans cette culture et de s’en imprégner… C’est ça ma définition de voyager : se plonger dans des univers différents, les vivre de l’intérieur et pas uniquement en passant et prenant quelques photos pour dire j’ai fait… j’ai fait l’Inde, j’ai fait le Népal, j’ai fait les Annapurna… Eh bien t’es fort si c’est toi qui les as réellement faits ! Non, voyager ce n’est pas cela. C’est être l’anthropologue, l’ethnologue ou celui qui vraiment se plonge dans la culture, vit avec les gens, essaie de les comprendre, d’apprendre, de partager aussi. Enfin pour moi c’est cela.
Il fait froid ce soir, j’avoue que j’aurai dû demander une couverture supplémentaire. Je suis quand même à presque 2000 mètres sur la crête de la montagne entourée de hauts sommets entre 6000 et 8000 mètres et je suis au cœur des plantes tropicales (j’ai même vu un singe ici !)…
Le voisin est passé et nous a offert de l’herbe locale… Etonnement, c’est Ama qui l’a préparé, de même qu’elle prépare le vin local (elle est connue pour cela dans le petit village, tout le monde vient acheter son vin chez elle). Elle m’épate la petite vieille ! Ama fume des pétards et bois du vin, mais attention : avec modération ! D’ailleurs, c’est elle qui commande si on a le droit de fumer ou de boire, attention c’est la cheffe tout de même ! Elle dirige tout ! Epatant ! Le rôle de la personne âgée au Népal et en Inde est si différent de chez nous en Occident où bien souvent on n’a pas le choix que de les placer dans des homes… Ici c’est un autre rôle… Mais quelle vie dure ! Oui j’ai quand même de la chance d’être occidentale !
Elles ont la vie dure les femmes, surtout lorsque le mari n’est plus là pour les aider financièrement… Il faut faire les travaux de la ferme, s’occuper du buffle, nettoyer l’étable, préparer la nourriture du buffle, cuisiner, chercher le bois dans la jungle, aller chercher de l’herbe pour le buffle, faire les travaux des champs, nettoyer, faire la lessive (avec de l’eau glaciale), tout à la main car il n’y a aucune machine… Pas de temps pour les loisirs, c’est un boulot à plein temps mais qui ne rapporte rien… Alors il faut vivre en famille, tous dans la même pièce, et ensuite chacun son rôle, la grand-mère au bois, la fille dans les champs, la petite fille cuisine et fais les nettoyages en rentrant de l’école…
Ama se plaint de nombreuses douleurs dues à son dur travail à son âge… Ujali a mal aux mains trop abimées par son travail et me parle de ses soucis… Malgré tout, elles gardent le sourire ! Va les amis il est tard, il est déjà 20h30, l’heure à laquelle je me couche ici… le réveil c’est entre 4h et 6h du mat, juste avant le soleil ou avec le soleil… le spectacle au réveil en vaut le coup !
Pas de spectacle au réveil ce matin… J’ai fait la grâce matinée, il est 7h30 quand Kali me réveille avec un délicieux tchai au gingembre. Le ciel est nuageux, on ne voit pas les montagnes… Kali me prépare une pancake que je déguste au coin du feu…
En fin d’après-midi : surprise, Lali arrive avec deux australiens. Je les avais rencontrés au magasin de Lali, juste avant notre départ. Ils voulaient des infos sur les treks, j’ai un peu aidé Lali à faire son petit business. Lali est une personne de confiance et je crois qu’au premier regard cela se remarque… J’avoue être heureuse de les voir débarquer ce soir chez Ama et de pouvoir partager ces moments si authentiques au coin du feu… D’ailleurs, je crois qu’ils garderont un souvenir inoubliable de ce moment, peut-être encore plus inoubliable que la vue qui les attend au pied des Annapurna…
Je les ai accompagnés pour un petit bout de route à travers les sentiers de pierres dans les champs en terrasses et les forêts de rhododendrons. La marche fut vraiment magnifique… Avec Lali et un porteur, Chris et James continuent pour huit jours de trekking jusqu’aux pieds de ces montagnes gigantesques ! Avec un objectif : voir la neige ! Imaginez que pour les Australiens, la neige c’est plutôt rare… J’espère que le temps sera sympa avec eux car en cette saison, les nuages camouflent la montagne et il commence à faire vraiment très froid là-haut…
Je m’en retourne dans mon petit village accompagnée par une vieille dame qui m’offre quelques biscuits et beaucoup de jolis sourires…
« Tout ce qui n’est pas donné est perdu », « Donnes et tu recevras »… Ces proverbes m’accompagnent et même si je voyage petit budget, parfois je ne compte pas… J’ai payé la course d’école de Kali, je voulais qu’elle puisse accompagner ses camarades… Les yeux remplis de lumière et de larmes, elle m’a pris dans ses bras… Que d’émotions ! Il faut si peu pour semer le bonheur autour de soi… Ujali, la maman de Kali est si heureuse, si heureuse, vous ne pouvez pas imaginer à quel point elle est heureuse !
Le mari d’Ujali est parti avec une autre femme, la laissant seule avec Kali et Manoj son fils de 18 ans qui étudie au collège à Pokara… Ujali et Ama n’ont pas d’argent, elles travaillent à la ferme et reçoivent un peu d’argent de Lali et des quelques touristes qui comme moi séjournent parfois dans leur maison… La vie est dure… Parfois il n’y a pas de quoi se payer un sac de riz qui coûte environ 15 CHF…
J’en ai rencontré des gens pauvres et je ne peux pas tous les aider… Je réalise à quel point j’ai de la chance d’avoir cette liberté et d’être née en Suisse ! Je ne peux aider tout le monde, mais j’ai envie d’aider cette famille si fantastique et exceptionnelle! Ils n’ont rien et pourtant ils donnent tout ! Ils n’ont rien et pourtant ils donnent tout ! Mes yeux se remplissent d’émotions… Pour me remercier, Ujali m’offre des habits locaux, me voilà comme une vraie népalaise ! Je ne sais décrire l’émotion qui m’envahit lorsqu’elle m’offre ce cadeau en guise de remerciement, je ne sais décrire mon émotion quand je vois Kali si heureuse de partir avec ses camarades en course d’école à Lumbini ! Oui parfois il suffit de donner pour recevoir, et ce que j’ai reçu vaut beaucoup plus que tout l’argent que je leur ai versé !
J’ai proposé aux enfants de regarder un dessin animé sur mon petit ordinateur… Les yeux tout écarquillés, ils n’avaient pas l’air d’avoir l’habitude de regarder la télé ! Ils n’ont pas tout compris je crois… Les enfants ici travaillent dur, ils aident leurs parents dans les restaurants, dans les travaux quotidiens, dans les champs… A la campagne ils ont davantage de chances que les enfants des villes et ceux qui bossent dans les industries… Quand je vois Kali, je suis en admiration et j’ai parfois de la peine. Elle n’a pas le temps de regarder un film avec moi, elle doit travailler sans cesse et elle n’a que 14 ans ! Elle a quand même parfois l’autorisation d’aller voir ses copines, mais sinon elle aide tout le temps à la maison ! Et dire que moi je râlais quand j’étais gamine ! Désolée maman, tu aurais dû m’envoyer en stage dans une famille népalaise…
Cette après-midi, enfin j’ai pu donner un petit coup de main. Aider à empiler les meules de paille, ouf c’est vrai que c’est rude! J’admire ces gens ! Ils mènent une vie si dure ! Mais aussi une vie remplie de soucis depuis que le mari d’Ujali est parti et qu’elle doit financer les études de ses deux enfants…
Ils m’ont tant donné et pourtant ils n’ont rien, ils ne gagnent rien, chaque petite roupie est si précieuse pour eux… J’ai envie de les aider et quand j’aurai un salaire, je ne les oublierai pas, ils ont vraiment besoin d’aide et ils sont si reconnaissant… C’est ma famille d’adoption.
Noël approche gentiment, Noël a perdu ses valeurs principales qui sont l’amour et le partage pour devenir une fête commerciale. Si vous avez le cœur à faire un geste et aider une famille merveilleuse dans le besoin, aider Ujali à payer les études de Manoj (240 CHF par année) et de Kali, ou les aider à simplement pouvoir avoir de quoi manger chaque jour et garder leur merveilleux sourire… Il suffit de peu pour rendre heureux quelqu’un et tout ce qu’on donne nous revient d’une façon ou d’une autre en retour… J’ai donné un peu et j’ai reçu tellement… Votre geste sera le bienvenu (vous pouvez me contacter par email pour avoir les coordonnées de la famille). J’ai envie de lancer un appel à la solidarité… et d’avance je vous remercie du fond du cœur…
Le temps semble s’être arrêté, je suis si heureuse chez ma famille d’adoption… Je n’ai plus envie de partir, mais il est temps que je retourne à Pokara prolonger mon visa népalais et ensuite que je file à Katmandou me procurer un visa indien afin d’être à temps pour fêter Noël à Calcutta…
[1] Citation Hippolyte Adolphe Taine