C’est le jour du départ et le moment de dire adieu à notre ami Mustak qui nous a fait découvrir Srinagar et qui nous a servi comme des rois dans son superbe house-boat.
La route a été longue, la moto slalomant entre la foule de camions militaires et autres véhicules. Tant de trafic et de gaz d’échappements en pleine figure, c’est qu’après les routes désertes du Ladakh, nous revoilà en Inde dans ce grouillement de vie et ce bordel permanent ! Bien crade et le cul en compote on arrive enfin à Patnitop, jolie petite station de montagne au cœur d’une forêt de pins et de cèdres. Un hôtel top classe avec une grande baignoire et une chambre luxueuse, on en a besoin. Malheureusement, faut pas rêver, il n’y a pas suffisamment d’eau chaude pour prendre un bain, on est en Inde.
Lendemain matin, après une bonne nuit de sommeil, on range tout (et pour ceux qui connaissent ma lenteur au réveil, je deviens de plus en plus rapide pour me préparer et faire mon sac en quelques minutes). On reprend la route vers Jammu, ville hindoue et capitale d’hiver du Cachemire.
La chaleur est au rendez-vous, c’est fini le climat doux de Srinagar et des montagnes du Cachemire. Il fait sacrément chaud et il va falloir s’y réhabituer !
Ce que j’aime en Inde, c’est la diversité. A chaque centaine de kilomètres, on a l’impression de changer de pays. Les paysages varient, nous voilà maintenant dans un décor qui pourrait faire penser à la Corse, on a quitté les Alpes Suisse. Du Ladakh bouddhiste on est allé au Cachemire musulman puis à Jammu hindouiste et on va vers Amritsar la capitale du sikhisme. C’est incredible India, un pays où cohabite dans le respect une multitude de religions totalement différentes.
A Jammu, il faut faire le service de la moto qui a maintenant plus de 7000 km au compteur. Joe a passé plus de 4h à surveiller le mécanicien travailler et être sûr que le service et les quelques réparations soient bien fait (heureusement qu’il tenait ça a l’œil, car le mécano avait oublié une des parties de la boite à vitesse… de quoi faire 500m et puis voire la moto exploser en 2000 morceaux). Moi j’ai passé mon temps à arpenter la rue, me faisant offrir des tchai par des indiens accueillants et sympathiques.
Ouf, la moto est enfin prête ! Nous référant au lonely planet, on choisit un hôtel dans Jammu pour passer la nuit, il est trop tard pour continuer notre route vers Amritsar. Et voilà qu’à 2h du matin, on est réveillé par une armée de puces de lit nous bouffant de partout ! Oh j’en ai encore la chair de poule rien que d’y penser ! Mais bon si on veut expérimenter l’Inde, il faut aussi passer par ces moments difficiles. Après 10 mois de voyage et de nuits dans des hôtels bien crasseux, celui-ci bat tous les records en ce qui concernent les puces (merci Lonely Planet)! Ca grouillait de partout, impossible de dormir ! Réclamation à la réception, sans étonnement ils nous changent de chambre au beau milieu de la nuit, même si on avait encore quelques puces, on a pu dormir un peu mieux. Le lendemain matin, Joe a dû s’énerver avec le type de l’hôtel qui savait très bien que la chambre était infestée de puces et qui s’est bien foutu de nous ! 200 roupies plutôt que 400 c’est déjà ça… mais tout de même : payer pour se faire bouffer par des puces… faut vraiment être en Inde pour ça… On écrira au Lonely Planet pour qu’ils vérifient leurs soit disant bonnes adresses.
La route vers Amritsar (à partir de Pathānkot) était très agréable, bordée d’arbres offrant un peu d’ombre. Arrivée au Punjab, à Pathānkot plus précisément, les véhicules sont si étranges qu’ils nous embarquent directement dans un film du genre Mad Max. L’Inde est un pays si insolite. Arrêté à un passage ferroviaire, encore une fois je me dis qu’ils sont fous ces indiens ! Un type est payé pour fermer la barrière à telle heure et la rouvrir à telle heure, on espère que le train n’aura pas trop de retard au risque de devoir passer des heures à attendre derrière la barrière fermée et en plein cagnard ! L’ouverture de la barrière est un moment des plus folkloriques car c’est l’anarchie complète ! Les embouteillages d’énormes buffles en plein milieu de la route sont aussi de ces moments folkloriques et drôles. L’Inde est vraiment le pays des surprises qui nous attendent à chaque tournant et jamais on ne se lasse (drôle, mais aussi fatiguant et dangereux…).
Nous voilà maintenant dans l’état du Punjab à Amritsar, la capitale. De notre hôtel on admire la vue sur le Golden Temple, sanctuaire le plus sacré du Sikhisme.
Un petit peu de culture générale :
« Les sikhs se reconnaissent à leurs cheveux non coupés emballés dans un turban et leur longue barbe. La religion sikh fut fondée à la fin du XVe siècle par le gourou Nanak en réaction au système des castes et à la domination du brahmane sur les rituels. Les sikh croient en un dieu unique et s’opposent au culte des idoles, ce qui n’empêche pas certains d’utiliser le portrait des dix gourous pour se concentrer. Comme les hindous et les bouddhistes, les sikhs admettent le principe de la réincarnation et du karma. En revanche, le sikhisme ignore le concept de voie ascétique ou monastique mettant fin au cycle éternel des renaissances. La croyance en l’égalité de tous les êtres est au cœur du sikhisme ; elle s’exprime dans différentes pratiques. Dans l’une d’elle, appelée langar, les gens de tous horizons, sans regard de caste ni de croyances, s’assoient côte à côte au temple sikh pour partager un repas offert. »
Je peux vous dire que la première fois que vous visitez un temple sikh, vous êtes vraiment impressionnés par cette atmosphère de partage, de chaleur humaine et cet accueil exceptionnel !
Le Golden Temple est d’une beauté incroyable ! Pour moi, c’est probablement le monument le plus impressionnant et le plus merveilleux que j’ai vu en Inde ! Il surpasse même le Taj Mahal. Il règne ici une atmosphère d’authentique spiritualité. Le dôme du temple serait recouvert de 750kg d’or massif ! Il représente une fleur de lotus renversée, symbole de l’idéal du sikhisme : mener une vie pure. Dans le temple, les prêtres psalmodient en permanence les chants du livre saint des sikhs qui sont retransmis par hautparleur dans l’ensemble du sanctuaire et rendent l’endroit encore plus magique.
Voyager avec Joe c’est parfois un peu bizarre… Pour l’instant on loge dans un hôtel à des prix au-dessus des budgets de la plupart des voyageurs… et en même temps on va manger dans des « Dhaba’s »[1] hyper bon marché ou la plupart des voyageurs n’oseraient même pas rentrer pour demander le chemin… Et selon Joe : « Voyager avec Anisia c’est toujours une surprise – le surnom de « madame catastrophe » n’est pas volé… Ca va du comique et amusant au dangereux et pénible… Gardons notre humour ! »
[1] Petit restaurant modeste