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2. Le paradis perdu






Il était une fois des iles perdues entre l’Inde, la Thaïlande et la Birmanie… Un véritable paradis encore inconnu des touristes. J’y suis allée en l’an 2000 et depuis je ne rêve que d’une chose : y retourner ! Oui le paradis existe et pour moi ce sont les Iles Andaman ! Mais chut, ne le répéter pas, il faut garder le secret… Ces îles sont appelées à être détruite par le tourisme… C’est le dernier moment pour y aller ![1]

Me voilà à quelques heures de l’embarquement pour 3 à 5 jours de bateau (enfin je n’ai aucune idée de la date d’arrivée). Mon hamac sur le pont du bateau, des fruits et des légumes, et une petite famille de voyageurs pour faire la fête et vivre des moments forts pendant ce long voyage…

Enfin, je reprends la route, c’est maintenant que le vrai voyage commence ! Jouer à Robinson et Crusoé sur des iles désertes, partir en exploratrice à travers la jungle profonde, plonger et découvrir un monde sous-marin unique au monde, regarder au ciel et découvrir des oiseaux colorés, voir les dernières tribus primitives…



Le bateau


Embarquement à 16h sur le bateau pour les Iles Andamans. Départ à 20h pour quelques centaines de mètres dans le canal de la Hooghly[2] jusqu’ à l’écluse ou nous nous sommes arrêtés en attendant la marée haute. Nous avons attendu presque toute la nuit avant de repartir pour quelques heures. Gentiment, nous quittons Calcutta et le ciel devient de plus en plus bleu. La nature qui borde le fleuve est splendide et tropicale. Nous sommes sur le fleuve sacré du Gange. Soudain le bateau s’arrête… Etais-ce une grève ou un problème de moteur ? On ne le saura jamais… Après plus de 24h à l’arrêt, le bateau redémarre enfin. La traversée sur le fleuve est longue… Soudain nous apercevons des mouettes, nous approchons de l’océan… Oui l’océan, quelle émotion ! On y est ! Sorti de la brume de Calcutta, me voilà au milieu de l’océan ! Pour les indiens, la mer d’andaman est sacrée puisque le Gange se jette dedans !

Il semble que le temps n’existe plus, il y a juste l’instant présent et la vie qui s’écoule lentement.

Chacun vaque à ses occupations ou tout simplement se laisse aller à ne rien faire. Notre petit groupe d’étrangers s’est installé un véritable campement de gitan sur le pont du bateau pour échapper à l’odeur et à la chaleur de la « bunk class[3] » au fond du bateau.

Certains font la sieste dans les hamacs, d’autres dévorent des bouquins, les slovaques font de l’artisanat avec des noix de coco. Certains dessinent, d’autres écrivent… Le coréen apprend la guitare sur le pont du bateau entouré d’indiens. Beaucoup jouent aux cartes ou aux échecs… Les indiens nous donnent des cours de hindi. On joue de la musique tous les soirs et il y a une ambiance de joie fabuleuse qui me donne envie de pleurer ! Des discussions passionnantes rythment notre vie sur le bateau… Et quelques moments de solitude me donnent l’occasion de méditer en admirant l’océan…

Le voyage est un moment où on s’arrête, on profite du présent, on se remplit de bonheur, on ne pense plus ni à demain ni à hier, on ne se pose plus de questions, un moment de découverte de soi, on laisse couler la vie et on s’imprègne de l’atmosphère du lieu. L’Inde a une énergie tellement puissante et particulière que lorsqu’on se laisse s’imprégner d’un lieu, on est comme transporté dans un autre univers tellement magique et surprenant !

On est comme une grande famille, plus les heures passent et plus des liens se forment entre nous. Nous sommes 23 étrangers sur le bateau parmi plus de 800 indiens. Notre sympathique groupe international est composé d’une australienne, une italienne et une française, deux français, deux françaises avec deux enfants qui mettent la joie sur le bateau et dont les indiens en tombent amoureux, deux italiens, un espagnol, un couple français, trois slovaques, un coréen, un japonais, un israélien et moi la suisse ! Certains restent beaucoup en solitaires et d’autres rejoignent le groupe.

Les indiens très curieux s’approchent de notre campement, nous encerclent parfois et nous regardent fixement comme ils savent si bien le faire…

Dans un couloir, une foule est assise. Deux femmes des Andamans nous invitent, nous les étrangers, à nous asseoir aux premières loges. La foule chante et tape des mains. Il règne une atmosphère de joie indescriptible et mes yeux se remplissent de larmes ! Oui c’est ça les Andamans ! C’est la joie et la gentillesse de la population… Les deux femmes viennent nous offrir quelques morceaux de fruits en guise d’offrandes. Elles ont un sourire magnifique !

C’est ça le bonheur ! S’imprégner de l’atmosphère, oublier tout, se laisser porter par notre âme, remplie d’amour universel.

Je suis couchée dans mon hamac sur le pont. Je sens l’air pur et le vent qui souffle sur mon visage, il fait bon. Les étoiles scintillent, il parait que celle qui clignote là-bas en face c’est la planète Mars. Je ne sais pas si c’est vrai, mais ce voyage semble si long et si irréel que cela pourrait bien être Mars, là-bas. La lune s’élève doucement sur l’océan. Elle est inondée d’orange et le versant de lune est tourné vers le haut. La lumière illumine l’océan.

Le bateau s’arrête à nouveau. Moi, j’espère rester ici 24h tellement c’est beau !

Au fond du bateau, la « bunk class » dans laquelle j’ai ma couchette. La « bunk class », ce sont des dortoirs, un véritable labyrinthe étroit. Je n’ai pas de chance, ma couchette est juste en face des toilettes dans un état indescriptible! Bonjour l’odeur ! J’arrive toujours pas à comprendre pourquoi les indiens chient a côté des chiottes ! Cela me répugne ! Même les riches ne savent pas viser dans le trou… bon je ne vous fais pas de dessin, c’est vraiment crade ! Ça pue la merde mélangée au vomi, aux aliments pourris qui stagnent dans les poubelles, dans les lavabos et par terre, ça pue le renfermé, l’humidité, la transpiration et les odeurs de bouffe… Sur le pont il fait meilleur ! Heureusement, que nous les étrangers avons pu nous installer avec nos hamacs au grand air.

Je suis confortablement assise dans mon hamac. Le bateau est reparti, il y a plus de vent et de vagues. Un groupe d’indiens est juste derrière moi, curieux de voir ce que je fais. Je suis plus intéressante que le film Bollywood qui est en train d’être visionné au bout du pont où une cinquantaine d’indiens regarde avec attention le film. Parfois ils rient, chantent et tapent des mains, ah le cinéma c’est quelque chose en Inde ! Mais là, pour certains le spectacle de me voir en train d’écrire est encore plus intéressant… Je commence à m’y habituer et je ne les remarque même plus. Parfois, lorsqu’ils me gênent je les renvoie gentiment, j’apprends à devenir plus ferme et plus autoritaire (ce n’est pas évident).

Oh vous savez quoi ? Je viens de découvrir mon pouvoir de femme en Inde ! Oui, il y a quand même certains avantages à être une femme, comme par exemple, passer devant tout le monde dans une file d’attente ! Au début, je me sentais gênée mais finalement si cela peut m’éviter de perdre une heure à attendre dans une chaleur étouffante d’être servie pour le repas, c’est tant mieux !

La vie sur le bateau nous prépare déjà aux Andamans… Que serait un voyage aux andamans sans cette longue et merveilleuse traversée en bateau ? Au début, je me sentais impatiente d’arriver, impatiente que le bateau redémarre lorsqu’il s’arrêtait à tout bout de champ. Puis finalement, j’espérais que le bateau s’arrête et reste encore 24h au milieu de l’océan pour rallonger encore la traversée…

Je suis arrivée ce samedi matin à Port Blair, capitale des Iles Andaman. Je me sens vraiment étrange aujourd’hui. Je balance et je ne suis plus ancrée à la terre. Quelle sensation bizarre ! Comme si j’étais encore sur le bateau ! Mon écran d’ordinateur va de gauche à droite…

Aujourd’hui, j’ai acheté tout le matériel pour camper. Mon ami Loup, un véritable voyageur me conseille pour me préparer à partir en Robinson Crusoé. Pour vous faire un peu envie, voilà ce que dis le guide Lonely planet à propos des iles Andamans et Nicobar :

« Jadis surnommées les Kalpeni (eaux noires) en raison du pénitencier redoutable qui y avait été installé, les iles Andamans et Nicobar constituent aujourd’hui deux avant-postes tranquilles dans la Mer d’Andaman, dépendant de l’Inde, mais géographiquement plus proches de l’Asie du Sud-Est. Superbes plages désertes, magnifiques récifs de corail, monde sous-marin d’une richesse exceptionnelle, étonnant passé colonial allié aux vestiges d’une culture remontant à l’âge de la pierre : autant d’atouts qui attirent le voyageur vers ces iles mystérieuses situées à 1000 km au large de la côte orientale de l’Inde et du golfe du Bengale. Ce territoire, qui comprend 572 iles dont 36 seulement sont habitées, abrite une faune unique et des forets luxuriants… »

Voilà les amis, il est l’heure d’aller me régaler d’un bon plat de poisson… pendant un mois je serai coupée du monde, je ferai un rapide passage à Port Blair dans deux semaines pour mon permis de séjour…


Une journée au paradis


Je me réveille dans ma jolie hutte en bambou. Aucune idée de l’heure qu’il peut être, je n’ai plus de montre ni de réveil, j’ai le temps !

Les bernard Lermites, les grenouilles, les scarabées, les chiens et toutes les bestioles dont je n’entends que le bruit ont encore fait la fête cette nuit. Que de bruits bizarres et parfois flippants, dieu sait combien de monde nichent dans le toit de ma hutte. Les plus méchantes bébêtes sont les moustiques qui me réveillent et me dévorent les pieds.

J’entends le bruit des vagues et du vent dans les cocotiers. Gentiment, je me lève et prépare ma tasse de café avec mon petit chauffe-eau. Assise en face de l’océan sous les cocotiers, je déguste mon café.

Un rapide passage à la salle de bain pour me débarbouiller un peu. Il n y a pas de miroir et parfois pas de lumière (vive la lampe de poche frontale). J’ai oublié à quoi je ressemble et peu importe, l’apparence n’a plus d’importance ici.

Je traverse la cocoteraie, puis le sentier dans la bananeraie, un petit terrain de foot où je croise des enfants en uniforme qui vont à l’école. J’arrive au Garden, une « ferme » restaurant tenue par une famille très sympathique. Mama me prépare une succulente salade de fruits exotiques frais du jardin. Mmm un régal ! Me voilà prête à partir avec Loup, Val et ses deux enfants pour une journée snorkeling.

La ballade à travers les champs et la jungle est vraiment fantastique ! Oui l’herbe est plus verte ailleurs ! Les arbres sont énormes, c’est majestueux !

La plage est sauvage, on est tout seul. Le sable est d’un blanc éclatant qui éblouit… L’eau est transparente… Plage de rêve…

Un martin pécheur bleu avec son bec rouge est posé sur un arbre et chante.

J’enfile mes palmes, mon masque et mon tuba et plonge avec Loup pour découvrir le monde sous-marin. Mes yeux s’émerveillent devant tous ces poissons de toutes les couleurs et de toutes les tailles, devant ces coraux magnifiques… Quel monde fabuleux ! Oh c’est Nemo, qu’il est petit, il me regarde avec curiosité, j’ai envie de le toucher mais il se protège dans son anémone qui me filera de l’urticaire si j’ai la malchance d’y toucher.

Plus loin, une bande de gros poissons napoléon avec leur bosse sur la tête, ils sont impressionnants ! Je me surprends à nager pendant des heures, j’ai vaincu ma phobie de l’eau !

Rencontre avec l’extraterrestre

Soudain, une tortue passe devant moi. Waouh ! C’est comme un mirage. Je l’a suis. C’est marrant, mais autant sur terre les tortues sont réputée pour leur lenteur, autant sous l’eau elles filent à toute vitesse ! Je nage derrière elle, un courant nous emporte au large. J’ai déconnecté, je suis comme sur une autre planète, quelle magie !

Un moment donné, je tourne la tête et constate que Loup ne m’a pas suivi. Oups, j’ai fait une bêtise. Quelle inconscience ais-je eu à vouloir suivre bêtement cette tortue impossible à rattraper ? Me voilà au milieu de océan, ne voyant presque plus le fond de l’eau. Je reviens vers Loup en nageant péniblement…

Une ombre approche, une espèce de grand delta plane de ma taille noir sur le dos et blanc sous le ventre. C’est une raie manta ! Elle passe en dessous moi, puis me tourne autour. Comment décrire ce que j’ai ressenti à ce moment-là ? J’ai l’impression d’être dans un autre monde et d’être en contact avec un extraterrestre, c’est complètement irréel ! Je reste immobile, choquée et quand même bien effrayée par cette rencontre surprenante. C’était puissant, je n’oublierai jamais ce moment ! J’ai dû oublier de respirer et mon cœur battait à 100 à l’heure ! La raie voulait s’amuser avec moi et quel regret de ne pas en avoir profité, mais bon quand même moi je n’étais pas sensée savoir que cette grosse bête était gentille…

En revenant vers la plage, dans une eau profonde de 50 cm, me voilà à côté d’un serpent rayé noir et blanc dressé à la verticale juste à côté de moi. Reste là toi et sois gentil ! Olala je n’aime pas ces bêtes là et j’ai la trouille à chaque fois, surtout qu’une seule morsure de cette bébête et je meurs dans les 5 minutes, mais bon faut juste pas l’embêter parait-il et il ne mord pas.

Après tant d’émotions, je lézarde sur la plage. Le soleil tape fort et j’ai déjà pu goûter aux coups de soleil. C’est l’hiver ici et je n’ose même pas imaginer ce que doit être l’été tant la chaleur hivernale est étouffante !

Moi qui rêvait de camping sauvage, eh bien maintenant les autorités l’ont interdit dans ces iles. Mais bon finalement, une petite hutte au bord de la plage sous les cocotiers, une Mama qui me prépare des plats succulents, un hamac pour faire la sieste, un vélo pour me balader sur l’île… que rêver de mieux?

Quelle est belle la vie ! S’il y a un endroit sur terre ou j’aimerais vivre c’est bien ici !



Trois mois de voyage


La magie de l’Inde…

Les couleurs…

Les odeurs…

Les paysages fantastiques…

Les rencontres…

L’insolite à chaque coin de rue…

Le temps qui n’existe plus…

Un rêve dont je n’aimerais plus me réveiller…

Je rayonne chaque jour un peu plus…



Retour des îles vers Calcutta


Il m’aura fallu 6 jours en bateau pour arriver vers ces îles perdues au bout du monde… et 2h seulement pour revenir à Calcutta en avion. Quel choc ce retour à la civilisation ! Alors qu’il y a quelques heures je nageais dans une eau turquoise à 28 degrés, me voilà à présent dans un taxi en plein trafic dans un air presque irrespirable. Que c’est dur de revenir ici après avoir passé un mois au paradis ! Mais quel bonheur de retrouver mes amis de Calcutta !

J’ai vécu un mois au paradis. Je crois que j’ai rencontré le merveilleux, un endroit où on ne veut plus repartir. Mon permis d’un mois est terminé, je suis de retour à Calcutta avec une seule envie, retrouver mon île préférée…

J’ai mon billet de bateau le 27 février, je repars aux iles… Il y a tant à découvrir… En route vers de nouvelles aventures !


Andamans 2e épisode

2e épisode dans les iles paradisiaques Une nouvelle histoire commence…

Embarquement sur le bateau le 27 février au départ de Calcutta.

Le Nicobar est plus grand que le bateau de la dernière fois. Il y a une capacité de 1100 personnes ! C’est énorme et j’ai bien de la peine à vous décrire ce qui n’est pas descriptible.

Passé l’écluse, nous voilà naviguant sur la Hooghly avant d’atteindre l’océan. Même chemin, mais cette fois-ci, on ne passera pas 24h bloqué sur le fleuve comme la dernière fois. Cette fois-ci c’est une autre histoire. La tribu est bien plus petite : deux français, une russe, un couple anglais qu’on ne voit jamais, mon ami Loup et moi.


La vie dans la « bunk classe »

Je découvre la « bunk classe » au fond du bateau et la vie locale. Je me suis installée confortablement dans ma couchette, j’y suis bien. C’est de là que je vous écris avec mon nouveau petit ordinateur portable.

Mon voisin vient juste de revenir, un vieil aveugle. C’est marrant le hasard, il me fait penser à ma sœur et mon frère aveugles… Incroyable la manière dont il se débrouille sur le bateau ! Tiens, j’ai une anecdote qui sera bientôt dans mon bêtisier du voyage. Premier jour, je me suis perdue en cherchant mon lit parmi les centaines de couchettes de la bunk, c’est un véritable labyrinthe ici. Je ne retrouvais pas mon lit, je croise l’aveugle, je me dis mon dieu le pauvre il est aussi perdu que moi et comment il va faire pour retrouver son lit, je voulais l’aider. J’ai cherché et cherche et chercher encore ma couchette, et puis finalement j’arrive et l’aveugle lui était déjà là, il avait retrouvé sa couchette ! Oui, bon, la prochaine fois que je me perds je demande mon chemin a un aveugle et je ne cherche surtout pas à l’aider.

La bunk, ouais c’est quelque chose !!! Comment vous décrire cela ? Je pense qu’un occidental qui n’a jamais voyagé et qui débarque dans la bunk à un gros choc !!! Soit, il essaie de s’adapter soit il part en courant, enfin sur un bateau partir en courant ce n’est pas possible. En faisant abstraction de l’hygiène la bunk est formidable !

Question hygiène c’est monstrueux ! Imaginer des centaines et des centaines de personnes les unes sur les autres et un nombre minimal de WC…

Ce matin, les douches des hommes étaient bouchées, il y avait de l’eau et de la merde partout, une vraie piscine. Ils ont travaillé à déboucher les tuyaux et finalement ils ont fermé les douches pour hommes. Les toilettes, c’est un bon entrainement pour la plongée en apnée. Il faut avoir l’estomac bien accroché pour ne pas avoir des nausées. Et il faut faire attention où on met les pieds, car ce matin, j’ai marché dedans. Oui parce que les chiottes sont bouchées, on chie dans le couloir des chiottes ou dans les douches. Et voilà c’est plus propre comme ça ! Bon moi je fais pipi en bunk et je pose ma pêche en première classe après avoir monté les escaliers sur 6 étages (c’est mon exercice quotidien, dire qu’en Suisse il y en a qui paye pour faire du step, en Inde on en fait au quotidien et c’est gratuit).

Il fait chaud, très chaud, de plus en plus chaud et humide, ouf je transpire ! J’ai oublié la sensation du froid.

J’apprends à adopter le comportement pour me faire respecter des indiens. Ce qui veut dire, tenir le regard d’un indien qui me fixe, ne pas le lâcher des yeux et voilà que les indiens n’osent même plus me regarder, ils se sentent tout con. Enfin j’ai compris ! Voilà encore un nouveau pouvoir de femme.

L’alarme sonne, Drrrriiiiiiinnnng !!!! Quel sursaut ! Que se passe-t-il ??? Olala je pense à Titanic… Oui ce bateau ressemble un peu au Titanic, sauf que la première classe est moins somptueuse et la bunk bien pire que la cale du Titanic. Bon apparemment, personne ne panique sauf moi, ils n’ont peut-être pas vu Titanic ? Fausse alerte peut-être ou alors c’est un moyen d’annoncer un concert de musique, un film, ou autre chose ?

Qu’est-ce que j’aime le bateau ! C’est fantastique, on ne sait pas quand on part et on sait encore moins quand on va arriver, mais on y va et on arrivera un jour… Je suis bien installée dans mon nid, barricadée avec un tissu pour avoir un brin d’intimité. Balancée par le mouvement du bateau, je dors beaucoup, et je n’ai même plus le mal de mer. J’aime cette ambiance, ces gens qui jouent aux cartes, qui dorment sur les bancs, qui passent leur temps à ne rien faire. J’aime ces rencontres avec les indiens, ce temps à refaire le monde avec d’autres voyageurs, ce temps à regarder l’océan si immense avec ma musique sur les oreilles et en ne pensant à plus rien. Voilà on est arrivé au paradis J


Devenir l’océan


Je me réveille dans mon hamac avec le lever du soleil, le bruit des multiples oiseaux et la mer à quelques mètres. Je suis superstitieuse et aujourd’hui c’est vendredi 13, j’espère avoir plus de chance qu’au loto.

J’ai réalisé un véritable exploit, dépassé mes limites et vécu probablement une des plus extraordinaires journées de ma vie !

J’ai nagé dans des vagues de 3 mètres de haut, Loup n’avait jamais emmené personne dans des vagues pareilles! Et moi, je n’aurais jamais mais alors jamais pensé que c’était possible de se prendre des vagues aussi grosses sans se noyer ou se faire fracasser la tête ! J’avais les boules mais aussi un sentiment complétement dingue. J’étais l’océan ! Je faisais partie de l’océan. Sentiment complétement incroyable!

Au départ, nous avons dû franchir quelques vagues et nager longtemps sans aucune visibilité. C’était le néant, le brouillard, le vide dans ma tête. Puis il y a eu un décor avec des montagnes qui sortaient du brouillard, une grande tortue en dessous de nous, puis de la clarté et un paysage lunaire. On était dans des canyons, des cratères, entouré de fleurs bizarres… Un paysage grandiose. Puis il y a eu les vagues énormes et on volait par dedans, par-dessus, en travers… C’était les montagnes russes ! Quelle magie ! Je peux comprendre la sensation des surfeurs. Puis il y a eu la fatigue et une part de peur car on n’avait pas le choix, on ne pouvait ni faire demi-tour, ni sortir de l’eau, il fallait nager encore longtemps pour pouvoir sortir… J’étais épuisée, j’avais mal aux pieds, mais j’étais combattante. Quelques gros poissons perroquets et une tortue m’ont donné le courage d’arriver au bout de mon exploit.

Le temps s’écoule et on ne le voit pas passer, il n y a que des surprises, des sensations, 3 dimensions, des paysages somptueux, des poissons extraordinaires. Une eau transparente à 28 degrés. Nager au milieu de milliers de petits poissons de toutes les couleurs…J’ai l’impression de voler, d’être balancée dans un autre monde. Ne plus penser a rien. Etre comme un poisson. C’est que du bonheur !


Le sens de la vie : histoire du pêcheur mexicain


Au bord de l’eau dans un petit village côtier mexicain, un bateau rentre au port, ramenant plusieurs thons. L’Américain complimente le pêcheur mexicain sur la qualité de ses poissons et lui demande combien de temps il lui a fallu pour les capturer.

« Pas très longtemps » répond le Mexicain.

« Mais alors, pourquoi n’êtes-vous pas resté en mer plus longtemps pour en attraper plus?» Demande l’Américain. Le Mexicain répond que ces quelques poissons suffiront à subvenir aux besoins de sa famille.

L’Américain demande alors : « Mais que faites-vous le reste du temps? »

« Je fais la grasse matinée, je pêche un peu, je joue avec mes enfants, je fais la sieste avec ma femme. Le soir, je vais au village voir mes amis. Nous buvons du vin et jouons de la guitare. J’ai une vie bien remplie ».

L’Américain l’interrompt : « J’ai un MBA de l’université de Harvard et je peux vous aider. Vous devriez commencer par pêcher plus longtemps. Avec les bénéfices dégagés, vous pourriez acheter un plus gros bateau. Avec l’argent que vous rapporterait ce bateau, vous pourriez en acheter un deuxième et ainsi de suite jusqu’à ce que vous possédiez une flotte de chalutiers. Au lieu de vendre vos poissons à un intermédiaire, vous pourriez négocier directement avec l’usine, et même ouvrir votre propre usine. Vous pourriez alors quitter votre petit village pour Mexico City, Los Angeles, puis peut-être New York, d’où vous dirigeriez toutes vos affaires. »

Le Mexicain demande alors : « Combien de temps cela prendrait-il? »,

« 15 à 20 ans », répond le banquier américain.

« Et après? »

« Après, c’est là que ça devient intéressant », répond l’Américain en riant. « Quand le moment sera venu, vous pourrez introduire votre société en bourse et vous gagnerez des millions ».

« Des millions? Mais après? »

« Après, vous pourrez prendre votre retraite, habiter dans un petit village côtier, faire la grasse matinée, jouer avec vos petits-enfants, pêcher un peu, faire la sieste avec votre femme et passer vos soirées à boire et à jouer de la guitare avec vos amis».


Cette petite histoire relève le sens que prend la vie…

Pourquoi moi qui vient d’avoir mon diplôme d’infirmière, je choisi de prendre du bon temps ? Pourquoi je ne fais pas carrière dans ma profession ? Pourquoi je ne travaille pas comme tout le monde ? Pourquoi ne pas mettre le plus d’argent de côté ?

Parce que j’ai envie de profiter de la vie, de savourer chaque instant, de ne plus vivre dans cette société de surconsommation et de paraître. J’ai choisi de travailler pour avoir suffisamment d’argent pour partir voyager. Le voyage c’est l’école de la vie, c’est un apprentissage sur le monde et surtout sur soi-même. Voyager, ce n’est pas être en vacances. La différence c’est l’apprentissage qu’on en retire, c’est le fait de ne pas regarder un pays mais de le vivre, de se mélanger à la vie locale, d’essayer de comprendre le pays… Et en Inde, il faut des années pour commencer à pouvoir décrypter ce qui s’y passe… l’Inde demande un temps fou pour juste commencer à y vivre et à la sentir….


Aventure sur une ile somptueuse


Je suis arrivée à Little Andaman après une nuit en bateau. J’ai dormi sur un tout vieux pont en bois avec en dessus de ma tête le ciel étoilé et un croissant de lune.

Vous vous souvenez peut-être de l’histoire de la petite souris dans ma chambre ma première nuit à Calcutta et la peur que j’ai eue que ce soit un rat ? Et bien la figurez-vous que j’avais un gros rat juste à côté de moi toute la nuit ! Oui oui c’est vrai je vous l’assure ! J’avais acheté un pic nic que j’avais laissé par terre à mes côtés dans un sac en plastique. J’écoutais ma musique, il faisait nuit noire avec un ciel étoilé éclatant… Tout d’un coup, je sens un truc dans mes cheveux. J’allume ma lampe de poche et c’est un énorme cafard rouge prisonnier de ma chevelure, beurk !!!! J’en ai un aussi qui me monte sur les jambes… Je les vire et tente de ne plus trop y penser. J’ai ma lampe de poche allumée et inspecte autour de moi la peur au ventre… Je regarde le sac avec le pic nic et il a un gros trou. Mais qui a mangé mon repas ??? Qui est capable de faire un trou dans un sac plastique ? Allez, se sont peut-être des fourmis. Les fourmis qui ont déjà fait un trou dans mon sac de ma trousse à pharmacie et mangé tous mes médicaments… Je reste couchée avec ma lampe de poche illuminant mon sac. Tout d’un coup, Ratatouille arrive ! Il me regarde fixement et déguste mon sandwich en me narguant. C’était bien un rat et pas une minuscule souris de rien du tout, et il était là à deux mètres de moi. Il est énorme, plus grand qu’un chat… J’essaie de faire abstraction de la bête mais chaque fois que je ferme les yeux j’entends ses cris de joie. Je n’ai pas vu s’il a appelé ses potes mais j’entends pas mal de bruit… Bon que faire ? Mettre le sac de nourriture plus loin, il n y a pas de poubelle et de là où je me trouve je ne peux jeter tout par-dessus bord. Je me promène désespérément sur le bateau cherchant un coin où dormir tranquille, mais finalement avant que Ratatouille ne débarque j’avais la meilleure place. Du coup, j’ai dormi en regardant les étoiles, en écoutant ma musique et avec une charmante compagnie.

Un truc pour supporter les bestioles, c’est leur donner un prénom. Je vous assure que ça aide un peu. Alors quand un rat devient Ratatouille, un cafard Gaston, une araignée Isabelle, la situation est moins dramatique.

Dès notre arrivée sur l’île, Loup et moi on a décidé de partir camper, alors on a loué des vélos et on est parti en fin d’après-midi sur un chemin dans la forêt en bordure de mer. On était un peu inconscient de partir en fin d’après-midi pour installer un campement dans un endroit qu’on ne connait pas. On est arrivé juste pendant le couché de soleil dans un village tribal. Quel dépaysement !!! C’est une tribu «civilisée », c’est à dire qu’ils sont scolarisés, qu’ils sont habillés et qu’ils ne vivent pas que de chasse et de cueillette.

Le tsunami a ravagé l’île, mais la tribu qui vit au contact de la nature et des animaux ont senti le tsunami arriver et se sont refugié dans les collines. Il n y a donc pas eu de victimes dans leur tribu mais leur village a été complétement détruit. Avant que le tsunami ravage leur village, ils vivaient dans des huttes sur pilotis. Maintenant, ils vivent dans des cabanes en tôle qui sont de véritables fours ! En nous promenant la nuit avec notre vélo, nous débarquons juste en dessous de leur village dans un autre village composé de jolies villas en béton. C’est vide, personne n’y habite. Cela laisse un drôle d’impression, tout un nouveau et beau village désertique de maisons de type occidentales. Pourquoi ? Pourquoi est-ce abandonner ? On a cherché à comprendre. Et finalement on a vite compris. La tribu vit au milieu des cochons et fait des grands feux autour de leur maison tous les soirs. Pourquoi vouloir tuer leur culture et les faire vivre dans des villas en béton où ils ne peuvent avoir de place pour leurs animaux et faire des feux? Ces gens préfèrent vivre dans des fours que dans des villas en béton. Si nos maisons suisses s’écroulaient, serions-nous prêt à vivre dans des huttes en bambou ? Serions-nous prêt à changer complétement notre culture juste parce qu’on nous l’impose ?

Voilà où est passe l’argent du tsunami ! Les riches investisseurs sont content d’avoir construit des villages entiers qui ne seront jamais habités, mais pour eux quelle importance ? Je suis révoltée. Encore plus révoltée quand j’apprends ce que sont devenue les dernières tribus des Ongues et des Jarawa qui vivaient dans la forêt. Les Ongues ont été parqués sur une île, obligé de s’habiller, d’habiter dans des maisons et d’être scolarisé. On a fait exactement comme avec les aborigènes et les indiens et c’est triste. C’est triste de tuer les tribus pour exploiter leurs terres, parce qu’on croit que notre culture est la meilleure, on les oblige à devenir comme nous. Les Jarawas ont été parqué dans une réserve de Middle Andaman. On a construit une route qui traverse la réserve, histoire de les habituer à la civilisation. Il y a dix ans, ils attaquaient les bus et se révoltaient contre cette route. Maintenant, ils mendient au bord de la route pour pouvoir s’offrir de l’alcool et sont devenu une attraction touristique.

Bon, je referme la parenthèse sur les tribus. Me voilà avec mon ami en vélo la nuit dans le village vide construit par une ONG. Bon, que fait-on ? Où vas-t’ont accrocher nos hamacs dans la nuit ? Deux possibilités s’offrent à nous : squatter une superbe maison vide ou reprendre le chemin de la plage et accrocher dans la nuit tant bien que mal nos hamacs dans la forêt. Ma conscience refuse de squatter une maison vide. Je décide donc d’aller trouver un endroit où dormir sur la plage. Mais finalement, je réalise qu’accrocher un hamac la nuit n’est pas possible ici. Une seule solution : dormir par terre dans la forêt qui borde la plage. Je prends panique, dormir par terre avec toutes les bestioles qu’il peut y avoir ici ? Non merci. Je pense aux crabes des cocotiers gigantesques, aux araignées monstrueuses avec leur tête de mort dessiné sur leur dos, aux scolopendres qui piquent si fort qu’on s’en souvient longtemps, je pense surtout aux puces des sables, aux moustiques et à toutes ces petites bébêtes qui piquent et qui sont un des revers du paradis. Mon côté aventurière s’arrête là. Une peur m’envahi et je ne me vois vraiment pas dormir la par terre…Et devinez ce qu’on a fait ? On est revenu au village en vélo dans la nuit. Loup a même foncé dans un vieil homme sur la route mais heureusement sans conséquences. On a pris une chambre d’hôtel et après cela, on s’est senti tellement bien à l’hôtel qu’on n’est même pas parti camper. Se taper une heure de marche en plein cagnard avec l’eau et la bouffe, bof. On n’était pas si mal à l’hôtel au village.

On a découvert la vie locale, des gens extraordinaires, d’une gentillesse incroyable. On a fait beaucoup de vélo et de marche dans la jungle où les arbres sont majestueux !!! La forêt est primaire, dense et somptueuse ! Un autre monde, un monde ou les fées et les elfes sont probablement présents.





[1] Effectivement, il fallait visiter les îles avant 2010 car le tourisme a envahi les îles et ce, sans respecter l’environnement… De plus, les coraux ont été presque totalement détruits…


[2] La Hooghly est un fleuve côtier d'Inde, un défluent du Gange.


[3] Traduction : classe lit superposé

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